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" La Méditerranée n'est une ni par le climat, ni par les échanges, ni par les batailles ; pas davantages par leur sommation ou leur intrication. Elle est une parce qu'elle est telle qu'elle été écrite. Ce tel que fait vivre un sujet d'histoire en répondant au défi révisionniste du non-tel où l'événement d'histoire s'abîmait sans rachat ni relève. Le coeur monochrome qui fait battre la Méditerranée comme nouveau sujet d'histoire est un coeur d'écriture. Pour que la force d'histoire du roi soit transmise à la mer, il faut qu'une historialité ou une "géographie" première fasse coïncider quatre lieux : l'espace méditerranéen comme mode de contraintes géographiques, le monde des échanges, la place vide du roi mort et le lieu originaire de tout récit d'espace, l'Odyssée : le livre de la mer écrite, parcourue par le texte jusqu'au point du retour, devenue, avant même que naisse le nom d'historien, un territoire d'écriture, mais aussi le livre entièrement écrit sur l'espace, entièrement fait espace, par lequel nulle hérésie, nulle guerre de religion, nulle mort par ou pour l'Ecriture ne peut advenir. C'est cette identité-la qui manque à l'Atlantique marchand et vainqueur, bien plus que l'unité climatique.Si la grande mer des échanges qui a détrône la Méditerranée dans le gouvernement du monde n'a pas hérité de sa "force d'histoire", c'est que nul écrit n'en a fait le tour par avance. Et ses écrivains tard venus se sont comme appliqués à le fuir vers le coeur africain des ténèbres, les confins du cap Horn ou les îles enchantées du Pacifique. " |
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Jacques Rancière : Les mots de l'histoire. Essai de poétique du savoir
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